Bon nombre d’expressions de la langue française trouvent leur origine dans l’histoire des saints.
Au fil des siècles, la langue française s’est enrichie d’expressions tout droit issues de la religion catholique.
Connaissez-vous celles que l’histoire des canonisés nous a laissé en héritage?
À quel saint se vouer pour en retrouver l’origine? La question se pose lorsque l’on emploie certaines expressions. «Toucher du doigt» par exemple tire sa source du comportement de saint Thomas face à l’annonce de la résurrection.
Tantôt plebiscitées, tantôt désuètes, la vie et l’œuvre des saints déterminent l’origine de nos tournures les plus charmantes. Petit florilège.
• Être en odeur de sainteté
Commençons par la plus célèbre de toutes. Qui n’a jamais tremblé à l’idée de ne pas être en odeur de sainteté auprès de son employeur? Si aujourd’hui l’expression désigne le fait de s’attirer les bonnes grâces de quelqu’un, être en odeur de sainteté signifiait auparavant qu’il était possible pour un défunt d’être canonisé, ce en raison de la douce odeur émanant de sa dépouille. Ainsi que le rappelle Gilles Henry dans son Petit dictionnaire des expressions nées de l’Histoire (Tallandier), les corps des saints Philippe de Néri et Thérèse d’Avila ont eu la particularité de dégager un agréable parfum longtemps après leur mort.
• Se comporter comme saint Thomas
Ne croire que ce que l’on voit. Si l’expression est bien connue des sceptiques, son origine ne l’est pas tant. Denis Moreau, dans son ouvrage Nul n’est prophète en son pays. Ces paroles d’évangile aux origines de nos expressions familières (Seuil), nous dit qu’elle nous vient de la Bible. Alors que la nouvelle de la résurrection du Christ est annoncée, saint Thomas fait savoir qu’il ne peut y croire sans avoir préalablement vu la marque des clous au creux des mains de Jésus. Quelques jours plus tard, le Christ rend visite à ses disciples et montre ses mains à Thomas qui les touche et admet la résurrection.
• La cavalerie de saint Georges
Après avoir servi dans l’armée romaine, Saint Georges meurt en martyr vers 303. Saint patron des cavaliers, c’est en son nom que prêtent serment les chevaliers des îles britanniques notamment. L’Angleterre, qui par la suite le représente sur ses billets de banque, chevauchant son beau cheval blanc, n’hésite pas à monnayer ses victoires sur l’adversaire. Par extension, la cavalerie de saint Georges qualifie désormais «l’utilisation frauduleuse d’effets bancaires mutuels escomptés sur un banquier».
• Trouver son chemin de Damas
Renoncer à ses idées pour faire le choix d’emprunter une nouvelle voie. C’est à l’épisode de la conversion de Paul, inscrite dans le Nouveau Testament, que l’on doit cette expression. Le chemin de Damas fait référence à la route sur laquelle Paul de Tarse, alors envoyé à Damas pour persécuter les chrétiens, vit le Christ lui apparaître. Une rencontre qui bouleversa le destin de l’apôtre revendiqué, converti.
• Être un fesse-Mathieu
«On est prié de ne pas claquer l’apôtre», écrivait Alphonse Allais. Et pour cause, fesser Mathieu signifiait jadis «prêter à usure». Saint Matthieu est l’un des douze apôtres, le premier des quatres évangélistes. Il fut collecteur d’impôts pour les Romains, métier méprisé des Juifs, avant de se convertir et d’être martyrisé, volé. Au XVIIe siècle, «battre Matthieu sur les fesses» revenait à soutirer de l’argent à quelqu’un. L’expression qualifie désormais un usurier, et par extension toute personne avare.