Un jour, Raymond Devos, fameux humoriste "théologien", rentre dans une église en Lozère. Il s’approche du chœur et là qu’est-ce qu’il voit ? Dieu en train de prier.
Dieu se prie-t-il lui-même ? Intrigué, l’humoriste raconte s’approcher délicatement de Dieu. On ne dérange pas quelqu’un en prière, surtout si c’est Dieu lui-même, et lui demande : « Mon Dieu, qui priez-vous ? » Et Dieu lui répond : « Je prie l’Homme ».
Spirituellement, c’est une explosion nucléaire ! Toutes les fausses attitudes spirituelles sont balayées, effacées, carbonisées.
Dieu nous prie ? De fait, depuis que nous avons touché au fruit de l’arbre défendu et que nous nous sommes planqués dans les bosquets, Dieu ne cesse de nous prier de lui dire où nous sommes ! « Où es-tu ? » demande Dieu à Adam au jardin d’Eden (Genèse 3, 9).
Dieu ne cesse de nous appeler
Nous aurions tort de croire qu’aujourd’hui, Dieu ne nous pose plus cette question. Dans le silence, résonne la prière de Dieu à notre attention : Où es-tu ? Où en es-tu ? Cela montre l’indéfectible attachement qui nous lie à Dieu. Dieu ne cesse de nous appeler.
Notre prière, n’est en fin de compte, qu’une réponse à la prière que Dieu nous adresse. Quand nous prions Dieu, nous nous rendons « géocalisables » et comme Dieu veut que nous devenions ses amis, la rencontre se produit.
En nous priant, Dieu nous prouve qu’il croit en nous. Prendre conscience de cela transforme toute notre vie. Il est donc plus fertile de croire que Dieu croit en nous. C’est infiniment plus puissant. C’est bien le sens profond de la foi qui est une vertu théologale, c’est-à-dire une vertu qui vient de Dieu.
Mieux encore, si Dieu croit en nous, cela veut dire qu’il espère en nous. Notre mémoire génétique spirituelle, notre ADN est contenue dans cette espérance. S’il nous a donné la vie, c’est pour que nous partagions la sienne. Tout est disposé pour cela. L’espérance est, elle aussi, vertu théologale parce qu’elle vient de Dieu, comme la foi. Il est donc plus puissant de croire que Dieu espère en nous.
Comment ne pas comprendre alors que si Dieu nous prie, c’est qu’il nous aime. Il nous aime inconditionnellement. C’est par amour qu’il nous a créés. Nous sommes le fruit de l’amour de Dieu. Alors, là, s’effectue la grande bascule ! Dieu nous aime pécheurs que nous sommes, et en cela, il est plus fécond de croire que Dieu nous aime.
Se savoir aimé de Dieu
Une de mes jeunes terminales lorsque j’étais aumônier de lycée vint un jour me dire, triomphante : l’amour, c’est chimique ! Elle réduisait l’amour à une série de sécrétions hormonales ou l’ocytocine avait la vedette. De fait, la formule chimique de Dieu, nous la connaissons : A+M+O+U+R. Mais une formule chimique à l’exemple de celle de l’eau, H2O, n’a jamais étanché la soif ! Même si vous sucez le papier sur lequel la formule est écrite, vous resterez sur votre soif.
Il faut se « savoir » aimé de Dieu et je dis bien savoir. Sentir, c’est bien, mais savoir, c’est mieux. Saint Jean dans sa première épître nous met sur cette voie : « en ceci consiste l’amour, ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés le premier « (1 Jean 4, 10-19).
Ainsi l’amour, comme la foi et comme l’espérance, est une vertu théologale, elle vient de Dieu. Se savoir aimé transforme notre vie. La plupart des humains ne s’aiment pas ou s’aiment mal ; la preuve en est que nombreux sont ceux qui aspirent au bonheur et font leur propre malheur.
L’amour de Dieu, c’est comme le thé, il faut qu’il infuse
Prenons donc conscience que Dieu nous prie d’accueillir son amour. Si nous répondons à sa prière et accueillons son amour, alors nous devenons libres car nous serons remplis de son amour.
Nous pourrons ainsi briser le cercle vicieux qui fait que chacun ayant besoin d’être aimé, attend que l’autre l’aime et comme l’autre ne l’aimera jamais à la hauteur du désir que Dieu seul peut assouvir, l’être se referme sur lui-même et s’aigrit.
Alors je vous en prie, si Dieu vous prie, priez-le aussi.
Alain Noel
seraphim-marc-elie.fr .