24/02/2011
Interview de Joseph Alichoran par Matthieu Mégevand Source Le Monde des religions
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Kurdistan Irakien
Quelle était la situation des chrétiens d'Irak avant la chute de Saddam Hussein?
On peut dire qu'avant la chute du régime, il y avait une sécurité relative pour les chrétiens. Ceux-ci possédaient des droits, surtout depuis le décret de 1972 accordant les droits culturels aux minorités chrétiennes de culture araméenne ou syriaque, à condition qu'ils ne se mêlent pas d'affaires politiques. Évidemment, tous les chrétiens n'étaient pas logés à la même enseigne ; par exemple, le Mouvement Démocratique Assyrien qui avait plus de revendications politiques et réclamait des droits plus étendus vivait dans la clandestinité et subissait la répression de la part du pouvoir. En dehors de cet aspect-là, la grande majorité des chrétiens vivait plutôt bien, pour preuve la construction de nombreuses églises, notamment à Bagdad, entre la fin des années 1960 et le milieu des années 1980, avec la permission voire l'aide financière du régime.
Une relative liberté religieuse donc, bien sûr limitée par les droits de la majorité musulmane ; ainsi il était impensable qu'un musulman se convertisse au christianisme. Et puis, dans les dernières années de Saddam Hussein, on a conseillé - voire imposé- aux minorités de donner à leurs enfants des prénoms arabes plutôt que chrétiens. Mais en résumé, le régime baasiste, quelque soit par ailleurs son aspect sanguinaire et brutal, a plutôt été un facteur de stabilité pour les chrétiens d'Irak.
Et comment la situation a-t-elle évolué à partir de l'invasion américaine et la chute de Saddam Hussein?
Pendant la première année qui a suivi la chute du régime, il n'y a pas eu d'hostilité visible envers les chrétiens. La première fois que l'on s'en est véritablement pris à eux c'était le 1er août 2004, soit plus d'un an après l'invasion américaine.