L'Apôtre lui-même se glorifie en disant : C'est donc avec un grand plaisir que je me vanterai surtout de mes faiblesses pour que repose sur moi la puissance du Christ (2 Co 12, 9), et dans les Proverbes, il est écrit : Car le Seigneur réprimande celui qu'Il aime, comme un père le fils qu'il chérit (Pr 3, 12). Ce que l'Apôtre appelle infirmités, ce sont les attaques que les ennemis de la Croix menaient contre lui et contre tous les saints de ce temps-là, afin que, comme il le dit lui-même, il ne s'enorgueillisse pas de l'excellence des révélations (2 Co 12, 7), mais que bien plutôt, par leur abaissement, ils maintiennent en eux les traits de la perfection et qu'au milieu de multiples opprobres, ils gardent saintement le don divin.

Mais nous maintenant, nous appelons infirmités les pensées mauvaises et les atteintes des maladies. En ce temps-là, en effet, comme les corps de ceux qui luttaient contre le péché étaient soumis à des violences mortelles et à d'autres tourments de toutes sortes, ils s'élevaient au-dessus des passions que le péché a introduites dans la nature humaine. Mais maintenant que le Seigneur a accordé aux Eglises la paix en abondance, il faut que, chez les combattants de la piété, les corps soient éprouvés par les atteintes des maladies et les âmes par les pensées mauvaises, surtout pour ceux en qui la science agit en toute perception et plénitude, afin de les tenir éloignés de toute vaine gloire et de toute exaltation et afin de leur permettre de recevoir dans leur coeur, comme je l'ai dit, grâce à leur profond abaissement, l'empreinte dit sceau de la beauté divine, selon la parole du saint : Fais lever sur nous la lumière de ta Face, Seigneur (Ps 4, 7).

Il leur faut donc, dans l'action de grâces, supporter 1a volonté du Seigneur. Alors, en effet, la succession ininterrompue des maladies et le combat contre les mauvaises pensées nous seront comptés comme une autre forme de martyre. Celui qui en ce temps-là disait aux saints martyrs, par l'intermédiaire de ces magistrats iniques «reniez le Christ, recherchez les gloires terrestres», celui-là se tient encore prêt à poursuivre par les mêmes adjurations les serviteurs de Dieu. Celui qui, en ces temps-là, tourmentait les corps des justes et poursuivait de ses violences meurtrières les didascales de l'honneur, par l'intermédiaire des exécuteurs de ses desseins diaboliques, c'est encore lui qui maintenant, contre les confesseurs de la piété, suscite de la même manière des souffrances de toutes sortes, avec un déchaînement de violences et d'opprobres, surtout lorsque, pour la gloire du Seigneur, ils se portent de toutes leurs forces au secours des pauvres soumis à des afflictions. Et c'est pourquoi il faut avec sûreté et patience accomplir devant Dieu le témoignage de notre conscience : Dans l'attente, j'attendais le Seigneur et Il se pencha vers moi (Ps 39, 2).
Saint Diadoque de Photicé : Les propos ascétiques. Cent chapitres.