L'homme intérieur est au cœur de la tradition chrétienne. Dès l'époque apostolique, l'apôtre Paul le mentionne comme étant l'un des socles de la parole évangélique et le chemin incontournable d'une transformation réelle de l'homme et de l'humanité. Cette dimension ne fut jamais oubliée au cours de la longue histoire des églises chrétiennes même si souvent elle s'effaça devant les tentations temporelles de l'institutionnalisation d'une voie avant tout spirituelle.
De nos jours, il y a une véritable soif de ce retour à l'authenticité de la première parole du Christ. L'attente est diffuse mais massive dans toutes les mouvances de cette spiritualité voire même bien au-delà de ses frontières culturelles. Le christianisme intérieur apparaît dès lors comme un témoignage essentiel pour les hommes et les femmes de notre temps.
Dans un monde en mal de repères et en proie à des doutes existentiels sur son destin, se pose la question de la nature des fondements spirituels de nos sociétés. L'actuel et apparent désintérêt pour la verticalité première de l'homme a engendré en contre-réponse des fuites en avant dans une violence nihiliste d'une partie de nos jeunes générations. Ce livre analyse les alternatives possibles et notamment la redécouverte d'une voie à la fois ancienne et nouvelle que l'on peut qualifier du nom d'expérience de sagesse ou sapientielle du christianisme.
Gérard Fomerand

Le christianisme intérieur est la part personnelle, spirituelle du christianisme, celle vécue par les chrétiens au niveau personnel, au plus profond de l'être, il est la source de la vie chrétienne, du vivre ensemble fraternel telle que le concevaient les premiers siècles du christianisme. Cette intériorité peut être étayée, ou bien amoindrie par le contexte institutionnel ou sociologique dans lequel se développe le christianisme à un moment donné de l'histoire. L'intériorité chrétienne est souvent contestée par les Églises elles-mêmes et par les États qui souhaitent à des fins politiques, instrumentaliser le christianisme. Dans le chapitre des Frères Karamazov intitulé Le Grand Inquisiteur Dostoeivsky a bien décrit le fonctionnement d'une Eglise devenu appareil d'Etat,opposée à toute liberté intérieure.
Le mot intérieur dans le christianisme remonte à l'Apôtre Paul (2 Co 4, 16) : « Voilà pourquoi nous ne perdons pas courage. Et même si notre être extérieur se détériore peu à peu, intérieurement, nous sommes renouvelés de jour en jour ».
Il est utilisé tout au long de l'histoire chrétienne dans de nombreuses expressions comme homme intérieur, Maître intérieur, intériorité, chrétien intérieur... Le concept de christianisme intérieur lui-même est plus récent (Maurice Zundel, Marie-Madeleine Davy, Michel Fromaget1, Gérard Fomerand2, Philippe Dautais3) il vise à revenir au vocabulaire de l'intériorité en prenant distance avec les ambiguïtés des termes de spiritualité ou de mystique. L'histoire du christianisme intérieur emprunte ses sources chez les mêmes auteurs que ceux que l'on retrouve généralement dans les ouvrages d'histoire de la spiritualité ou d'histoire de la mystique. Le christianisme intérieur essaie de rendre compte de l'évolution de la totalité de la personne dans la quête d'une renaissance intérieure, d'une expérience de Dieu Père, Fils et Esprit. Il rend compte de cette vitalité intérieure traditionnelle dans l'histoire chrétienne, non réductible au respect d'une simple normalité sociale acceptable par les institutions ecclésiastiques et par les États. Les tenants du christianisme intérieur affirment l'unité profonde de la tradition intérieure chrétienne, sous les spiritualités et les mystiques des diverses confessions: catholiques, orthodoxes et protestantes, s'écoulerait un fleuve unique dont les divisions des Églises auraient brouillé la trace.
source : http://www.christianisme-interieur.org/