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15 mai 2017 1 15 /05 /mai /2017 23:05

 

Lumière du Thabor    Numéro 38

 

...Mais, en même temps que ce caractère sophial, universel, cosmique de la représentation de la Sainte Vierge dans l'icône, celle-ci conserve aussi un caractère spécifique : ce n'est pas seulement l'icône de la Reine des cieux, de la terre et de toute la création, mais aussi celle de la Vierge Marie ayant une personnalité déterminée, une propre destinée sur terre (ce qui se manifeste très clairement dans les icônes des fêtes de la Mère de Dieu). Comment peut-on représenter cet Être sophial très saint, qui possède son propre visage humain dont nul trait, nulle image ne nous sont parvenus ? Par son humanité, la Mère de Dieu apparaît plus accessible à la représentation que le Dieu-Homme. Son icône est naturellement plus chaude, d'un caractère moins conventionnellement hiéroglyphique que l'icône du Sauveur. Mais son image non plus ne peut être rendue, évidemment, au moyen d'une représentation naturaliste. L'icône de la Mère de Dieu est une vision offerte à la pénétration de l'iconographie, non pas, toutefois à un artiste déterminé, isolé, mais dans l'Église, dans la tradition de l'Église. Bien mystérieusement ces images vivent dans la tradition de l'Église, dans le canon de l'iconographie, elles constituent des sortes de jalons dans lesquels l'iconographie contemple également sa vision personnelle exprimant sa « propre » exécution selon un modèle préétabli.

 

L'iconographie de la Mère de Dieu dans l'Église ne laisse absolument aucune place à la représentation d'une femme quelle qu'elle soit sous son aspect naturel, si merveilleux soit-il. C'est par là que pèche l'iconographie occidentale, même dans ses spécimens les meilleurs, dans lesquels on sent parfois la « Belle Dame »de l'âge de la chevalerie. Bien sûr, dans la beauté et la pureté du visage de la jeune fille ou de la femme, il est loisible au peintre iconographe de distinguer des traits particuliers de ce Visage céleste qu'il cherche à rendre dans l'icône, mais ce sera cependant toujours une saisie visuelle « à travers » et « pour » un visage terrestre. Cette impression peut enrichir la création du peintre, mais cette figure même ne doit pas lui apparaître sous une forme naturaliste.

C'est pour cela que l'on ne ressent pas du tout, dans le visage de l'icône de la Toujours Vierge, de la Mère de Dieu, la nature féminine encore que ce soit le principe féminin qui y domine. Car son éternelle virginité, bien qu'unie au principe féminin, est au-delà du sexe au sens charnel. Il en résulte qu'il ne peut y avoir place, dans la représentation de la Mère de Dieu, pour une sensualité liée au naturalisme, mais il ne doit pas non plus y avoir de sécheresse liée au schématisme. Une certaine chaleur, une certaine beauté doivent appartenir spécifiquement aux icônes de la Mère de Dieu, le langage des couleurs et des formes doit être ici particulièrement souple, tendre, riche en nuances. En son icône, le monde entier, l'humanité entière, cherchent à exprimer leur beauté par la richesse de toute la palette. Car la beauté, c'est la présence visible du Saint Esprit et l'image de la Pneumatophore se pare d'une beauté toute particulière. D'où cette diversité, cette multiplicité aussi de l'icône de la Mère de Dieu que possède l'Église et qui ne font qu'augmenter car de nouveaux types de l'icône de la Mère de Dieu apparaissent sans cesse...

Extrait de Serge Boulgakov,
L’Icône et la vénération des icônes (1931).
Le Messager orthodoxe, No 57, 1972.

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Published by Monastère Orthodoxe - dans Enseignement spirituel

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