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27 juillet 2009 1 27 /07 /juillet /2009 14:27

(1957)

 

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Hier, vous avez entendu lire aux vêpres, dans le Livre de la Genèse, le récit de la création du monde et du péché originel. L'Ancien Testament commence donc aujourd’hui, pour atteindre son terme à l'Epiphanie avec la lecture des Prophètes.

Dans l'Evangile, le Christ nous propose la parabole des ouvriers de la vigne. Il engage les travailleurs à la première heure de la journée, puis aux troisième, sixième, neuvième heure, jusqu'à la onzième heure, et chacun reçoit son salaire.      

Que symbolisent ces heures : première, troisième, sixième, neuvième, onzième ? Ce sont les grandes époques et périodes de l'humanité. Les Pères de l'Eglise se sont penchés sur ces cycles - nous avons un sermon remarquable sur les heures de l'histoire de l'humanité par Grégoire le Grand, pape de Rome. La première heure est celle des premières générations humaines, l'époque du péché originel, la troisième, le déluge et ainsi de suite. En résumé, l'histoire de l'humanité et du monde est partagée en douze heures, douze éons ou, comme l'on dit actuellement, douze cycles. Le Christ s'est incarné à la onzième heure. L'époque chrétienne est celle de la onzième heure. Nous appartenons à cette avant-dernière période, nous sommes ceux qui avons le moins travaillé car nous possédons la grâce ineffable, la fraîcheur de l'Esprit-Saint, la puissance dans les souffrances que nous a dispensée la Croix... et nous recevons cependant la même récompense que cette humanité qui, plongée dans la chaleur du jour et l'ignorance, a travaillé à la vigne de Dieu. L'antiquité représente les dix premières heures et nous sommes à la onzième. Telles sont les proportions selon l'enseignement de l'Eglise entre ceux qui vécurent avant le Christ et après Lui. Quand nous parlons des heures historiques, des cycles, des éons, il ne faut point les voir uniquement sous un aspect chronologique ; une période peut être brève ou longue selon ce que l'homme y accomplit. Notre histoire n'est pas seulement soumise «au caprice de Dieu» mais à la synergie, comme disent les Pères, c'est-à-dire aux deux volontés : de Dieu et de l'homme. Dieu agit en respectant notre volonté, en tenant compte de notre évolution, de notre chute et de notre élévation, de ce que nous conquérons dans le bien et perdons dans le mal. C'est pourquoi ces douze heures ne peuvent être mesurées par des dates fixes, elles sont, en même temps que notre histoire, celles de la conquête de Dieu, du travail dans sa vigne ou du glissement nonchalant dans le péché. Ne l'oubliez jamais, nous sommes en perpétuelle évolution et régression : ces deux mouvements sont coexistants. Il n'y a ni évolution aveugle toujours vers le mieux, ni chute toujours vers le bas. Certes, Dieu tire le bien du mal réalisé par sa créature, mais cette dernière peut autant pousser vers Lui que vers le néant et le péché.

Le péché originel n'est pas un acte qui, une fois accompli, plongea le monde passif dans l'iniquité : l'histoire du péché se déroule et s'entrelace à notre salut. Lorsque le Christ prévoit dans l'Evangile le second Avènement, Il dit, d'une part, que la bonne nouvelle sera prêchée jusqu'aux confins de la terre - relevez la tête, votre heure approche - et, d'autre part, que la foi et la charité seront refroidies (Mt 24, 9-14 ; Mc 13, 9-13 ; Lc 21, 12-19 ; cf. aussi Lc 18, 8). Il parle d'iniquité et de grâce supérieure acquises, si l'on peut dire, à chaque instant. Vers la fin des temps, il sera de plus en plus facile d'être du Christ ou de l'Antéchrist. Car, des deux côtés, il y a augmentation, tension grandissante, expérience dans le bien et dans le mal. Voici le sens de ces ouvriers dans la vigne de Dieu. Cela nous montre qu'en cette vigne ne travaillèrent pas que les chrétiens, mais avant nous des ouvriers venus de tous côtés.

Le péché originel commis par Adam et Eve - par nous tous, plutôt, en Adam et Eve - eut lieu, non sur le plan charnel, mais sur le plan spirituel. En effet, le noyau en était la désobéissance. La source, la racine de tous les péchés sont dans la désobéissance à Dieu. Eve a désobéi, Adam et Eve ont désobéi. La racine, la source sont d'en haut et non d'en bas.

Ensuite, la deuxième réalité que nous devons prendre en considération, c'est qu'ils étaient dans la plénitude de la liberté et que le péché fut un acte intérieurement libre. J'ai prononcé le mot désobéissance. Ce mot cache plusieurs aspects de notre vie intérieure. Pourquoi Adam et Eve devaient-ils être obéissants à Dieu ?

Quand un homme demande un service à un ami, même si ce dernier n'en saisit pas le motif, s'il l'aime, il lui répondra : je ferai ce dont tu me pries, j'irai où tu veux, je ne désire aucune explication parce que c'est toi ; j'ai confiance en toi, je t'aime et je t'obéis. L'obéissance d'Adam et Eve aurait exprimé non seulement la crainte de leur dépendance de Dieu mais par excellence leur amitié pour leur Créateur. Dieu voulait vérifier notre amour sincère. Lui qui avait tant dispensé de grâces à Adam et Eve, leur explique, leur demande la grâce de faire quelque chose pour Lui gratuitement : s'abstenir de manger de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Pourquoi ont-ils désobéi ? Parce qu'Eve voulait être comme Dieu. Etre comme Lui, sans Lui... Eve ne songea ni à l'audace de son geste, ni à la signification de la demande de Dieu. Eve dédaigna l'amitié et l'amour de Dieu. Peut-on dire que nos premiers parents n'aimèrent pas Dieu ? Je dois, ici, m'arrêter un instant sur cette notion de l'amour de Dieu. Il n'est pas donné pleinement à l'homme, il nous faut le conquérir. Et dans la profondeur du péché originel réside le fait que l'homme préféra conquérir la puissance divine plutôt que l'amour du Seigneur ; son choix était libre.

Au début de la Septuagésime, en cette période de préparation et de lutte, je voudrais que vous vous plongiez dans votre conscience et vous posiez la question sur votre vie spirituelle : quel en est le moteur, recevoir des grâces de Dieu, ou l'accroissement en votre cœur, sans réserve, sans attente, de l'amour de Dieu ? Amen.

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Published by Eglise Orthodoxe : Cathedrale Saint Irenee - dans Homélies

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