Si une adversité te frappe, dis-toi :
« Le Seigneur voit mon cœur, et si cela lui est agréable, tout ira bien, et pour moi, et pour les autres. »
et ainsi ton âme sera toujours en paix.
Mais si un homme se met à murmurer et dit : « Cela ne devrait pas être comme ça... ce n'est pas bien... » - il n'aura pas de paix dans son âme, même s'il observe tous les jeûnes et prie beaucoup.
L'âme ne peut pas avoir de paix si elle n'étudie pas jour et nuit la loi divine [= L'écriture sainte]. Cette loi est en effet écrite par l'Esprit Saint, et l'Esprit Saint passe de l'Ecriture dans l'âme.
Question : comment celui qui remplit une charge peut-il garder la paix quand ses subordonnés sont désobéissants ?
C'est dur et douloureux pour lui. Pour garder la paix, il doit se souvenir que, même si ses hommes se sont pas obéissants, le Seigneur les aime malgré tout, qu'Il est mort dans les souffrances pour leur salut, et qu'il faut donc prier pour eux avec ardeur.
Alors le Seigneur donnera la prière à celui qui prie ; tu sauras par expérience comment l'esprit de celui qui prie s'approche de Dieu avec confiance et amour, et, bien que tu sois un homme pécheur, le Seigneur te donnera de goûter les fruits de la prière.
Si tu prends l'habitude de prier ainsi pour tes subordonnés, ton âme connaîtra une profonde paix et un grand amour.
Question : comment un subordonné peut-il garder la paix de l'âme s'il a pour supérieur un homme violent et méchant ?
Un homme coléreux endure lui-même une grande souffrance provoquée par un esprit mauvais. Il subit ce tourment à cause de son orgueil ; le subordonné, quel qu'il soit, doit le savoir et prier pour l'âme malade de son supérieur.
Le Seigneur voyant sa patience, lui accordera - au subordonné - le pardon de ses péchés et la prière incessante. C'est une grande œuvre devant Dieu que de prier pour ceux qui nous offensent et qui nous font souffrir.
En retour, le Seigneur te donnera sa grâce, tu connaîtras le Seigneur par le Saint Esprit et tu supporteras avec joie toutes les afflictions à cause de Lui.
Le Seigneur te donnera d'aimer le monde entier ; tu désireras ardemment le bien pour tous les hommes et tu prieras pour tous comme pour toi-même.
Silouane écrit encore :
Le Seigneur dit : « Bienheureux les pacifiques ». Et je me suis dit : « Je vais passer une partie de mon temps en prière silencieuse, et, dans le temps qui me reste, je tâcherai d'apporter la paix aux hommes. » J'allai m'installer dans une cellule voisine de celle d'un frère au caractère coléreux. Tout en parlant avec lui, je me mis à l'exhorter de vivre en paix avec tous et de pardonner à tous. Il patienta un moment, puis explosa contre moi avec une telle violence que je dus même quitter ma cellule et ne pus qu'à grand-peine lui échapper. Ensuite, je pleurai longuement devant Dieu de ce que la paix n'avait pas pu être gardée. Je compris qu'il faut chercher la volonté de Dieu et vivre comme le Seigneur le désire, et ne pas s'inventer pour soi-même des exploits ascétiques.
Extraits de : Archimandrite Sophrony, Starets Silouane, moine du mont Athos, Vie - Doctrine - Ecrits - Edition Présence, Belley, 1982, p. 291-294. 418. Extraits par F. Breynaert.
Source : http://www.mariedenazareth.com/