Les Épicuriens, qui n'espèrent aucune autre vie au-delà du tombeau, qui ne connaissent que les jouissances de la chair, tiennent ce langage : « Mangeons et buvons, car nous mourrons demain » (1Co 15,32)... Mais les chrétiens, pour qui une autre vie, et une vie plus heureuse, doit commencer après la mort, doivent bien se garder de dire cela. Rappelez-vous, effectivement, cette vérité : « Nous mourrons demain », mais ajoutez : « Jeûnons et prions, car la mort peut venir demain ».
Mais j'exige encore autre chose, une troisième condition, je ne veux pas passer sous silence ce qu'il faut observer par-dessus tout : que votre jeûne serve à rassasier la faim du pauvre. Si vous ne pouvez pas jeûner, appliquez-vous d'autant plus à nourrir celui dont la faim apaisée vous obtiendra votre pardon. Voici donc ce que les chrétiens doivent dirent : « Jeûnons, prions, donnons aux pauvres, car nous mourrons demain ».
Saint Augustin (354-430), évêque d'Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l'Église
Sermon 150