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28 juin 2024 5 28 /06 /juin /2024 23:06

SOUFFRANCE,

MORT ET RESURRECTION

Icône de la Crucifixion

La Crucifixion
Icône byzantine, 16e siècle

 

EN GUISE D'INTRODUCTION

La Lettre pastorale des évêques suisses sur l’euthanasie et l’accompagnement des mourants, sous le titre MOURIR DANS LA DIGNITÉ (2002), rejoint, d'une façon plus élaborée, les réflexions du Père Jean Breck dans le document Les malades en phase terminale : une perspective éthique orthodoxe, au sujet, par exemple, du respect du caractère sacré de la vie et de la priorité qui doit être accordée au bien-être spirituel du malade, principes qui ne contredissent pas la possibilité de gestes, avec le consentement du malade, s'il en est capable, ou des ses représentants légaux, qui ont comme objectif le soulagement de la souffrance, même si ces gestes peuvent avoir l'effet de diminuer la durée de la vie.

Dans la perspective du Père Jean Breck, comme dans le document des évêques catholiques de la Suisse, sont rejetés comme non conformes à la conscience chrétienne, et une philosophie " vitaliste " qui prône le maintien de la vie à tout prix, même devant toute absence de possibilité de guérison, et l'euthanasie active, le suicide et l'assistance au suicide. L'accès aux soins palliatifs et l'accompagnement par les proches, le personnel médical et des bénévoles, de personnes en fin de vie sont deux réponses chrétiennes aux problèmes spirituels, éthiques, médicaux et sociaux, posés de façon de plus en plus urgente dans les sociétés modernes.

Ce document est issu de la réunion de la Conférence des évêques catholiques de la Suisse, tenue du 3 au 5 juin 2002. Un résumé en français du document, rédigé en allemand, à été publié à ce moment-là. Nous reproduisons ici le résumé du document, ainsi que la section 5, « L’accompagnement des mourants », et la Conclusion du document. 

Pages Orthodoxes La Transfiguration

 


Résumé du document MOURIR DANS LA DIGNITÉ : 
Lettre pastorale des évêques suisses sur l’euthanasie
et l’accompagnement des mourants

Le document rappelle tout d’abord (1er chapitre), sur un plan anthropologique, que la mort fait partie intégrante de la vie. Il rappelle trois dimensions essentielles de la mort : 1) La mort est plus que la fin de la vie, car elle marque toute l’existence. Pour certains philosophes, la vie est l’apprentissage de la mort. 2) La dimension sociale de la mort nous touche peut-être davantage. Pour celui qui meurt comme pour son entourage, il s’agit de prendre congé. 3) Du point de vue religieux, la mort nous emmène vers l’inconnu, vers le " Tout-Autre ".

Ces expériences englobent aussi le désir de la personne humaine de vaincre la mort : les recherches scientifiques sur le processus de la mort ; le refoulement ou la banalisation de la mort ; la volonté de maîtriser la fin de la vie en se donnant volontairement la mort ; l’attitude religieuse face à la mort. Toute religion éveille le sens du " Tout-Autre ".

Dans cette perspective, le 2e chapitre du document parle de l’approche chrétienne de la mort. Il rappelle que pour la Bible, la vie est sacrée, elle est un don de Dieu, qui reste seul Maître de la vie. Le Nouveau Testament propose une nouvelle approche de la mort : c’est celle du Christ, mort " pour nous ". Cette dimension ouvre une perspective sur la mort du chrétien : " Il y a ici davantage qu’une vague espérance en une hypothétique résurrection des morts. Nous affirmons une conviction forte : notre mort corporelle ne débouche pas sur la mort, mais sur la vie auprès du Père avec le Christ ". Cette conviction est le fondement de l’espérance chrétienne.

Cette conviction et cette espérance font de la mort un moment solennel, un moment empreint de dignité (3e chapitre). Ceci est souligné par les différents rites liturgiques accompagnant le défunt. Au moment de la mort, l’homme ne peut plus lui-même disposer de sa vie, mais il fait l’expérience radicale de sa fragilité et de sa dépendance des autres. Le rôle de l’accompagnement au décès consiste à faciliter l’acceptation de la mort comme une intervention extérieure décisive.

Le 4e chapitre affronte le thème central : l’assistance au décès et ses limites. Il précise tout d’abord le vocabulaire : par euthanasie, on entend le fait de mettre fin à une vie ou de laisser mourir une personne qui souffre gravement ou qui est condamnée, à sa demande, ou pour son bien. On distingue :

1) L’euthanasie passive, qui consiste en l’omission d’un traitement ou son interruption. Pour l’Eglise, l’arrêt de procédures médicales disproportionnées avec les résultats attendus peut être légitime. On ne veut pas, ainsi, donner la mort. On accepte de ne pas pouvoir l’empêcher. Les décisions doivent être prises par le patient, s’il en a la capacité, ou par les ayant droit légaux, en respectant toujours les intérêts légitimes du patient.

2) L’euthanasie (active) indirecte : traitement des symptômes et de la douleur au risque d’abréger la vie. Pour l’Eglise, l’usage des analgésiques pour alléger les souffrances du mourant, même au risque d’abréger ses jours, peut être moralement conforme à la dignité humaine si la mort n’est pas voulue, mais seulement tolérée comme inévitable.

3) L’euthanasie active directe : le meurtre sur demande, dont il est abondamment question actuellement dans nos sociétés. Ici, les évêques, pleinement d’accord avec l’Académie suisse des sciences médicales, considèrent que celle-ci n’est jamais licite. Contrairement aux deux formes précédentes, l’euthanasie directe n’apporte aucune aide au mourant ; elle précipite la mort d’une personne en l’empêchant de mourir de sa propre mort naturelle et allant ainsi à l’encontre de sa dignité. Il faut rapprocher de cette forme l’aide au suicide, proposée par certaines associations, et qui est légitime selon le droit actuel. Mais il n’y a là, pour les évêques, qu’une différence minime avec l’euthanasie directe, un " subterfuge ".

Du point de vue chrétien, l’euthanasie active directe ne constitue en aucun cas un geste de compassion. Elle est contraire au commandement qui interdit de tuer l’innocent et au devoir de protéger toute vie humaine. Elle part d’une fausse conception de la compassion, qui désire abréger la souffrance et la déchéance du patient. Dans ce contexte, l’argument central pour les évêques est que " plus que la mort, la compassion envers une personne qui souffre doit envisager les soins palliatifs ".

Accompagner les mourants dans leur pleine dignité, tel est l’objet du 5e et dernier chapitre. Cet accompagnement doit répondre aux quatre besoins essentiels d’une personne qui meurt : ne pas mourir dans la solitude, ne pas devoir endurer de trop grandes souffrances, pouvoir mettre en ordre ses affaires et envisager la " suite " avec espérance. Les évêques remercient pour tout ce qui se fait déjà chez nous, mais rappellent qu’il reste encore beaucoup à faire. Une enquête nationale montre qu’en Suisse l’accès aux soins palliatifs est encore lacunaire. Ils demandent un engagement plus grand du milieu hospitalier dans l’offre de soins palliatifs : les soins antalgiques, les soins du corps et l’accompagnement psychologique et spirituel. Les hôpitaux et les établissements médicaux devraient disposer d’une section de soins palliatifs pour malades graves, comprenant une équipe mobile.

Le besoin des personnes de ne pas mourir seules exige un engagement humain, qui peut être assumé par le personnel médical, des bénévoles ou les proches. Le devoir de l’Eglise, dans ce domaine, est d’assister les mourants par le biais de la prière et des sacrements et la présence des équipes d’aumônerie.

Avec ce document, les évêques ne prétendent pas seulement défendre la dignité de ceux et celles qui meurent, mais aussi apporter leur part à la construction d’une société plus humaine.


V. L’accompagnement des mourants

La discussion actuelle sur l’euthanasie montre qu’il y a un retard à combler dans tout ce qui concerne le soin des mourants. Plutôt que de vouloir esquiver la mort par la mort des personnes gravement atteintes, mieux vaut les accompagner et leur offrir un environnement riche de qualités humaines et professionnelles.

L’accompagnement des mourants doit répondre aux quatre besoins essentiels de la personne qui meurt : ne pas mourir dans la solitude, ne pas avoir à endurer de trop grandes souffrances, pouvoir mettre en ordre ses affaires et envisager « la suite » avec espérance. Nous sommes reconnaissants pour tout ce qui se fait déjà en ce sens chez nous. Il reste pourtant encore beaucoup à faire. Nous ne pouvons que l’esquisser brièvement.


1. Un accompagnement global : les soins palliatifs
Depuis quelques années les soins palliatifs se sont développés comme nouvelle discipline médicale.13 Lorsque tout espoir de guérison est perdu, il faut au moins épargner le plus possible au patient les conséquences douloureuses de sa maladie.
12 En date du 11 décembre 2001 le Conseil national a rejeté l’Initiative parlementaire Vallender Dorle 2001. Peu de temps après, le Conseil national a transféré au Conseil Fédéral une motion du conseiller national Dr Guido Zâch, qui, se référant à « Exit », demandait une réglementation juridique de la pratique de l’euthanasie. 13 De l’anglais « to palliate » : étendre un manteau, recouvrir, écarter les symptômes.

14 Ligue suisse contre le cancer / Société suisse de médecine et de soins palliatifs, État des lieux des soins palliatifs en Suisse 1999/2000, Berne 2001.
1.1 Il y a d’abord les soins antalgiques. Dans la mesure du possible le patient doit rester conscient ; en souffrant moins, il peut mieux se disposer à affronter la mort.

Autant que possible le patient doit pouvoir s’exprimer et donner son accord au sujet des traitements antalgiques. Une bonne information médicale renforce sa confiance dans les médecins et le personnel soignant lorsque, par exemple, on lui explique le sens et la portée des traitements et des soins palliatifs ou lorsque, en l’absence d’amélioration, il pressent que la fin est proche. Lorsqu’il n’est plus possible d’avoir l’accord du patient, il faut tenir compte des éventuelles dispositions qu’il aurait prises antérieurement.

1.2 Les soins palliatifs ne se limitent pas aux seuls actes médicaux. Ils comprennent aussi les soins du corps, l’accompagnement psychosociologique et spirituel en vue d’une mort dans la dignité. Les proches eux-mêmes sont donc concernés, avant et après le décès. La complexité des mesures palliatives requiert une bonne coordination des diverses compétences professionnelles au sein d’une équipe de soins bien soudée.

1.3 D’ordinaire les soins palliatifs impliquent la famille. Lorsqu’il n’est pas possible de mourir à la maison, des cliniques spécialisées offrent aux personnes atteintes de maladies graves ou aux mourants des soins et des traitements dans une ambiance familiale. Malheureusement, à cause des frais de fonctionnement et d’une couverture insuffisante de la part des assurances, ces établissements sont trop rares en Suisse. Il faut aussi tenir compte du choque émotionnel que peut entraîner pour un patient le transfert dans un EMS.

Aujourd’hui, de plus en plus de personnes souhaitent mourir chez elles, dans le cadre de la famille. Les traitements se poursuivent à la maison, où les proches sont aidés par des organismes spécialisés (Spitex). Il serait souhaitable que des unités mobiles de soins palliatifs se mettent en place et que des congés pour assistance aux mourants soient accordés aux proches, comme cela se pratique déjà dans bien des endroits.

Dans les hôpitaux et les établissements médicaux, chaque service devrait disposer d’un bon niveau de connaissances en soins palliatifs, indépendamment d’un service spécialisé géré ou du moins appuyé par une équipe compétente.

1.4 Une enquête menée au niveau national14 montre, qu’en Suisse, l’accès aux soins palliatifs est encore lacunaire. On note de grandes différences entre les cantons et un déficit au niveau de la politique de la santé. Aussi est-il urgent
:
• d’introduire les soins palliatifs comme matière obligatoire dans les facultés de médecine et les écoles pour le personnel soignant.
• de faciliter l’accès aux soins palliatifs, sans charges financières supplémentaires, pour
toute personne souffrant d’une maladie chronique incurable. Les traitements palliatifs
à domicile doivent être inclus dans la liste des prestations des assurances maladie.
• de faciliter et même de promouvoir de la part des cantons la transformation des struc
tures ambulatoires ou cliniques en unités de traitements palliatifs.

15 Caritas Suisse, Programme sur l’accompagnement en dernière phase de vie.
2. L’engagement humain
Un des besoins fondamentaux des personnes en fin de vie est de ne pas être abandonnées. En plus des soins, le mourant a besoin de présence, de petits services et, dans la mesure où il le souhaite, de parler ou de prier.

2.1 D’ordinaire le personnel soignant n’a pas beaucoup de temps à consacrer à ces menus services. Du moment qu’ils ne supposent pas une formation médicale ou pastorale, ils peuvent être assurés par des bénévoles. Nous constatons avec reconnaissance que, dans nos paroisses, de nombreuses personnes se mettent à disposition pour les assumer, souvent pendant des années. Pour les croyants, l’assistance des mourants est certainement une œuvre efficace de miséricorde envers le prochain.

2.2 Un service si important et délicat exige tout de même que les personnes qui s’y consacrent soient soigneusement choisies et qu’elles reçoivent une formation appropriée. C’est sans doute un des rôles de l’Église de dispenser cette formation, de rappeler constamment le sens chrétien de la mort et la dimension spirituelle de l’accompagnement des mourants. Aussi, il faut continuer d’organiser et même de multiplier des cours de formation, comme ceux proposées par Caritas Suisse15.

2.3 Jusqu’à quel point les proches sont-ils capables d’assumer cet accompagnement ? La question se pose. De fait, ils sont les premiers concernés, mais souvent ils manquent de formation ou de doigté pour une tâche si délicate. Bouleversés par l’approche du décès, ils ont eux-mêmes besoin d’accompagnement et de consolation. Cela aussi fait partie du rôle des accompagnateurs bénévoles. Suivant les cas une pensée spirituelle ou une prière en commun peut ranimer le courage et l’espérance.

2.4 Le contact entre le mourant et les accompagnateurs bénévoles est parfois encore lacunaire et de nombreuses personnes meurent sans accompagnement adéquat. C’est le rôle des services sociaux paroissiaux d’y remédier. Les hospices sont particulièrement reconnaissants pour cette aide complémentaire.
3. L’accompagnement pastoral des mourants
En présence de la mort, de nombreuses personnes se posent la question du sens de la vie
:
quel est le sens de la souffrance ? Qu’y a-t-il après la mort ? Dans la mesure où elles sont capables de dialogue, elles cherchent un interlocuteur, une oreille attentive et pleine de compréhension pour dire leurs peurs ou parler d’un passé qui les tourmente.

3.1 Les accompagnateurs bénévoles peuvent très bien être les premiers interlocuteurs. A l’instar des médecins et du personnel soignant, ils ont aussi un rôle pastoral à jouer. Dans la mesure où ils sont réceptifs, de nombreux mourants acceptent avec reconnaissance qu’un assistant ou une assistante pastoral(e) les assiste et les prépare à mourir en Christ et à rencontrer Dieu, par le dialogue, certes, mais surtout par la prière et la bénédiction, ce qu’un laïc peut fort bien leur accorder.

16 Cf. en annexe le texte de la Conférence des évêques allemands, À propos de quelques questions actuelles au sujet de l’onction des malades.
3.2 Nous reconnaissons avec gratitude que, d’une manière générale, les aumôneries d’hôpital sont bien gérées. Peut-être faudra-t-il à l’avenir accorder plus d’importance à l’accompagnement des mourants à domicile ou dans les homes, et promouvoir la formation d’aumôniers spécialisés. Il faut pousser la formation à l’accompagnement des mourants pour les aumôniers d’hôpitaux et pour les accompagnateurs bénévoles. Lorsqu’il s’agit de la mort, l’Église se doit d’être présente ; elle ne souhaite pas abandonner le personnel soignant face à cette tâche difficile.

3.3 Les derniers sacrements et la liturgie des mourants sont ce que l’Église catholique peut offrir de plus précieux aux personnes qui meurent. Un peu négligés, en partie à cause du manque de prêtres, il convient de leur redonner vigueur.

Comme son nom l’indique, l’onction des malades n’est pas un sacrement des morts. Destinée à réconforter des personnes gravement malades, elle les met en relation avec le Christ souffrant par la vertu de la prière de l’Église. Aux personnes en phase finale, elle apporte ordinairement un soulagement. Du moment que ce sacrement accorde aussi le pardon des péchés, il ne peut être dispensé que par un prêtre.16

Le sacrement de la réconciliation, la confession, est particulièrement utile pour les personnes qui, au moment de la mort, éprouvent le besoin de mettre en ordre leur passé. Souvent elles ont déjà « confessé » leur vie à un accompagnateur laïc ou à un assistant pastoral, renouant ainsi avec l’ancienne tradition de la confession à un laïc. Mais seule l’absolution sacramentelle du prêtre peut leur apporter la certitude que Dieu a vraiment pardonné leurs fautes.

Le « viatique », la dernière communion, est le sacrement spécifique des mourants. En unissant celui qui souffre dans son corps et qui meurt au corps souffrant du Christ, mort et ressuscité pour nous, elle l’accompagne sur le chemin vers l’au-delà. Les laïcs peuvent donner la communion en viatique à tout instant du jour ou de la nuit et il ne faudrait pas la négliger, dans la mesure où les patients sont en condition de la recevoir.

Enfin, la liturgie prévoit d’accompagner les mourants par des prières et des lectures. La personne qui assiste un mourant évaluera elle-même ce qu’il convient de faire dans des circonstances données. S’il ne faut pas accabler de prières une personne qui meurt, par contre, une courte prière avant et après le décès est tout indiquée. Elle peut être un signe d’espérance pour l’entourage, qui devrait aussi prendre part de manière appropriée aux adieux.

L’Église et la société prennent congé d’un défunt en célébrant ses obsèques et en l’accompagnant vers sa dernière demeure. C’est là une tâche pastorale particulièrement sensible qui mériterait à elle seule une lettre pastorale. Qu’il suffise de rappeler ici un seul point : il ne faudrait pas réduire ces rites à une cérémonie strictement privée. Il s’agit plutôt d’une célébration de la communauté paroissiale, qui exprime sa solidarité avec les proches (comme la célébration du « trentième » et l’anniversaire annuel).


Conclusion

En tant que chrétiens et membres de la famille humaine, nous nous sommes efforcés de dire ce que la mort représente pour nous. Nous avons rappelé la dignité du mourant et sa valeur aux yeux des chrétiens. Jésus Christ s’est penché sur les malades, il a promis le Royaume de Dieu aux pauvres. À sa suite, nous nous sentons obligés envers les malades et les pauvres. C’est pourquoi nous nous engageons pour la dignité des mourants. Il n’y a pas plus pauvre que celui qui meurt et qui doit abandonner non seulement des biens terrestres mais aussi sa vie corporelle. Et pourtant, ces pauvres peuvent enrichir d’autres. En assistant les mourants au moment où ils prennent congé de la vie et en voyant comment ils accueillent la mort, on comprend quelles sont les vraies richesses qui donnent de la valeur à l’existence.

Si le degré de civilisation d’une société se mesure à son attitude face à la mort, la nôtre n’est pas brillante. Provoquer la mort avant terme constitue une des pires manières de blesser la dignité de la personne humaine. C’est pourquoi nous condamnons l’euthanasie directe active et l’assistance au suicide, pour leur préférer les soins palliatifs et l’accompagnement des mourants. En le faisant, nous sommes conscients que nous ne défendons pas seulement la dignité des mourants, mais que nous apportons notre part à la construction d’une société plus humaine.

Einsiedeln, le 4 juin 2002
Les évêques suisses

 

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