Il se pourrait bien que le temps que saint Antoine avait prévu soit maintenant le nôtre, ou du moins se rapproche rapidement. Et à cause de ce que nous avons appris, nous savons ce que nous avons à faire à ce sujet. Le même saint Antoine, avec tous les saints hommes, nous l'a dit. Je vous exhorte, et, si je le pouvais, je vous ordonnerais de lire les trente-huit sentences de saint Antoine dans le Dits des Pères du désert. Tout ce que nous devons savoir pour vivre est là pour nous dans sa forme la plus simple et la plus claire.
Abba Antoine nous dit d'abord que lorsque nous sommes en proie à des pensées obsédantes (logismoi) et épuisés par un sentiment d'absurdité et de futilité (l'acédie), qui nous adviendra dans ce monde de péché, nous devons simplement et avec diligence travailler et prier, par pure dévotion et simple obéissance. Nous devons prêter attention à nous-mêmes et nous préoccuper de nos propres affaires. Nous devons faire notre travail, et laisser Dieu - et d'autres personnes - faire le leur.
Il nous dit aussi que qui que nous soyons, nous devrions toujours avoir Dieu devant nos yeux, et quoi que nous fassions, nous devrions toujours agir selon le témoignage de l'Ecriture Sainte, et où que nous soyons, nous ne devrions pas facilement quitter cet endroit.
Il nous dit encore (avec son ami Abba Pambo) ne pas avoir confiance en notre propre justice, de ne pas nous inquiéter du passé, et de garder notre bouche et nos estomacs. Il nous dit de prendre la responsabilité de notre propre comportement, et de nous attendre à être férocement tentés jusques à notre dernier souffle. Il nous dit qu'il n'y a pas de salut pour nous, sans épreuve et tentation, et que sans être testés, personne ne peut être guéri, illuminé et rendu parfait. Il nous dit que chacun de nous a sa propre vie unique, qu'il n'est pas deux personnes qui soient les mêmes, et que chacun de nous doit être la personne que Dieu a fait de nous: là où nous sommes, au moment où nous sommes, avec qui nous sommes, de qui nous sommes et tels que nous sommes, selon la Providence insondable de Dieu.
Saint Antoine nous dit aussi, comme tous les saints, que notre vie et notre mort commencent et finissent avec nos frères humains. Il insiste sur le fait que si nous avons gagné notre prochain, nous avons gagné notre Dieu, mais si nous avons scandalisé notre prochain, nous avons péché contre le Christ. Il dit que toutes nos disciplines ascétiques, y compris nos études universitaires, sont des moyens vers une fin, elles ne sont pas une fin en soi. La fin est le discernement et l'absence de passion et la connaissance de Dieu par la garde de Ses commandements, le premier et plus grand étant l'amour. Et il enseigne que notre seul espoir d'échapper aux pièges innombrables de ce monde brisé qui cherchent à nous asservir se trouve dans une seule chose: l'humilité à l'imitation du Christ.
Père Thomas Hopko
Version française Claude Lopez-Ginisty d'après
http://thehandmaid.wordpress.com/2011/01/24/our-life-and-our-death-begin-and-end-with-our-fellow-human-beings/http://orthodoxologie.blogspot.com/