2 janvier 2010
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aaaAu bout de huit années de noviciat, il fut tonsuré moine sous le nom de Séraphim ( « flamboyant » ) nom qui excitait encore davantage son zèle pour imiter ces serviteurs de Dieu incorporels et brûlants d'amour. Ordonné Diacre, il passait les nuits entières en prière avant de célébrer la Divine Liturgie; et, progressant sans cesse dans les saintes vertus, le Seigneur lui accordait en retour de nombreuses visions, extases et consolations spirituelles. Prudemment dirigé par ses anciens, il ne tirait cependant aucune vaine gloire de ces faveurs divines ; elles lui étaient au contraire l'occasion de s'enfoncer dans l'humilité et le blâme de soi, et de rechercher davantage la solitude.
aaaPeu de temps après son ordination sacerdotale et la mort de son père spirituel, il obtint la permission de se retirer en solitaire, dans la forêt profonde, à 6 - 7 kilomètres du monastère, et de se construire une petite cabane en bois entourée d'un jardinet, sur une colline qu'il nomma la « Sainte Montagne » (Athos). Il y restait toute la semaine, ne rentrant au monastère que les dimanches et les jours de fêtes, et passait tout son temps dans la prière, la lecture et les labeurs corporels agréables à Dieu. Chacune de ses activités lui était une occasion d'élever sa pensée aux choses de Dieu. Il ne connaissait rien de profane, ni de charnel, et il supportait avec patience les rigueurs de l'hiver et les assauts des insectes de l'été, heureux de partager ainsi les souffrances du Seigneur pour la purification de son âme. Il portait continuellement un gros Evangile attaché sur son dos, comme le « fardeau du Christ », et il se rendait dans les endroits de la forêt, auxquels il avait donné les noms de lieux saints : Bethléem, le Jourdain, le Thabor, le Golgotha ; afin d'y lire les péricopes correspondantes. Il vivait ainsi intensément chaque jour, la vie même et la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ. La méditation continuelle de la Sainte Ecriture ne lui donnait pas seulement la connaissance de la vérité, mais elle lui procurait aussi la pureté de l'âme et la componction du coeur, de sorte, qu'en plus de la récitation des Offices Divins aux temps fixés et de ses mille prosternations quotidiennes, il pouvait prier sans relâche, l'intelligence unie au cœur. Il se nourrissait d'abord du pain fourni par le monastère, puis des seuls produits de son jardin; mais il se privait bien souvent de sa pitance pour la distribuer aux animaux qui aimaient venir près de sa cabane, en particulier à un ours énorme, devenu aussi docile qu'un chat.
aaaEn voyant ce mode de vie si agréable à Dieu et si proche de celui des êtres incorporels, l'ennemi séculaire du genre humain, le diable, excité de jalousie, déclencha contre l'ascète du Christ ses attaques accoutumées: pensées d'orgueil, vacarmes, apparitions effrayantes etc.; mais le vaillant guerrier repoussait tous ses assauts par la prière et le signe de la Croix. Comme la guerre des pensées se faisait plus pressante, le Saint décida d'entreprendre un combat digne des hauts faits des stylites de jadis : il passa mille jours et mille nuits, debout ou à genoux sur un rocher, en répétant sans cesse la prière du Publicain : « 0 Dieu, sois propice au pêcheur que je suis ! » (Lc 18:13). C'est ainsi qu'il fut définitivement délivré du combat des pensées. Mais le diable ne s'en tenait pas encore pour vaincu, il envoya contre lui trois brigands qui, furieux de ne pas trouver sur le pauvre moine l'argent qu'ils espéraient, le frappèrent à coups de bâtons et avec le revers de sa hache, et le laissèrent à demi-mort, tout ensanglanté et les os rompus. Bien que de forte constitution, le doux Séraphim ne chercha pas à se défendre et s'offrit aux coups dans la pensée qu'il participait ainsi aux souffrances du Seigneur. Malgré son état lamentable, il réussit à se traîner jusqu'au monastère où, après cinq mois de souffrances, il fut miraculeusement guéri par une apparition de la Mère de Dieu, en tout point semblable à celle advenue lorsqu'il était novice. Il resta cependant vouté jusqu'à la fin de ses jours et ne se déplaçait plus que péniblement, appuyé sur un bâton.
aaaCette infirmité lui permit de gravir un nouveau degré de l'échelle dressée pour lui vers le ciel et d'entreprendre, de 1807 à 1810, le combat du silence dans la solitude. Aussitôt rétabli, il regagna son « déser t» et, ne pouvant plus retourner régulièrement au monastère, il cessa aussi de recevoir ou d'adresser la parole à quiconque. Chaque fois qu'il rencontrait quelqu'un dans la forêt, il se prosternait profondément à terre devant lui, sans un mot, jusqu'à ce que celui-ci s'éloigne. Il pouvait garder ainsi son intelligence fixée en Dieu, sans interruption ni distraction. Entre temps l'Higoumène du monastère mourut, et certains moines commencèrent à montrer une animosité marquée à l'égard du saint ermite, l'accusant de se séparer de la communion de l'Eglise. Finalement on lui donna l'ordre de regagner le monastère. Séraphim se soumit sans aucune opposition et s'installa dans une étroite cellule, où il commença un nouveau stade de sa vie ascétique: la réclusion. Dans le vestibule, il avait fait placé son cercueil, dans lequel il aimait prier, et dans sa cellule, où personne n'entrait jamais, il n'avait qu'un sac de pierres pour couche, un tronc d'arbre pour siège et une Icône de la « Vierge de tendresse », appelée par lui « la Joie de toutes les joies », devant laquelle brûlait en permanence une veilleuse. Il vivait ainsi dans le silence complet, augmentant ses austérités, lisant et commentant pour lui-même chaque semaine tout le Nouveau Testament, priant sans cesse, le coeur en veille, et n'ayant que les Anges et les Saints comme seuls témoins de ses fréquentes extases et ravissements de l'intelligence dans les demeures célestes.


aaaAlors qu'il n'était encore que Diacre, la fondatrice du couvent de Divéyevo, situé à quelques kilomètres de Sarov, avait confié au père Séraphim la direction spirituelle de sa communauté naissante. Pendant toute sa vie, il montra une attention paternelle pour ses filles. La communauté grandit rapidement, malgré les difficultés économiques. Saint Séraphim l'organisa selon un mode strictement cénobitique, avec la sentence : « En tout temps, ayez les mains au travail et les lèvres à la prière ». Sur l'ordre de la Mère de Dieu, il fonda un second couvent, dit du « Moulin » , avec ses filles les plus chères, auxquelles il donna une règle de vie centrée sur la prière de Jésus. Malheureusement, après la mort du Staretz, Satan suscita un moine envieux et intrigant, qui s'efforça par tous les moyens de ruiner la réputation et l'œuvre du Saint : il fit fermer le « Moulin » et fit souffrir de nombreuses tribulations aux religieuses.

aaaParvenu à l'âge de soixante-dix ans, souffrant cruellement des suites de ses blessures, mais sans rien relâcher de son activité, Saint Séraphim parlait de plus en plus souvent de sa mort prochaine, avec joie et le visage rayonnant. Le ler janvier 1833, après avoir communié, il vénéra toutes les Icônes de l'église, en allumant devant chacune un cierge, et bénit tous les frères en disant : « Faites votre salut ! Veillez ! Des couronnes vous sont préparées ! » Puis, après avoir visité son tombeau, il s'enferma dans sa cellule et rendit son âme à Dieu la nuit même, à genoux, en chantant les hymnes de Pâques. Tout le peuple des environs se rassembla pour ses funérailles. Par la suite, l'homme de Dieu continua de visiter et de secourir ses enfants spirituels par de nombreuses apparitions et guérisons, et la dévotion du peuple ne cessa de grandir, malgré les oppositions. Finalement, la canonisation de Saint Séraphim, le 19 juillet 1903, en présence de la famille impériale, de nombreux Evêques et d'une foule de plusieurs centaines de milliers de personnes, venues de toutes les régions de la Russie, marqua son triomphe. Ce fut une dernière manifestation de l'unité du peuple russe et de la gloire de l'Eglise avant la grande épreuve. Ses précieuses Reliques, alors portées en procession au-dessus de la foule, accomplirent de nombreux miracles. En 1926, les bolchéviks les confisquèrent en vue de les exposer dans un musée de l'athéisme; mais elles n'arrivèrent jamais à destination et l'on suppose qu'elles sont aujourd'hui gardées par quelque pieux fidèle, dans l'attente de jours meilleurs.
1. L'Entretien avec Motovilov et les Instructions Spirituelles de Saint Séraphim sont traduits à la suite de sa biographie par I. GoraÏnoff: collection « Théophanie », Desclée de Brouwer, Paris, 1979 (2e éd.).
Published by Eglise Orthodoxe : Cathedrale Saint Irenee
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Vie des saints