Dimanche de Pentecôte
Liturgie : Epître : Ac 2, 1-11 ; Evangile : Jn 7, 37-52 8, 12
L'Esprit Saint qui fut à l'origine de l'Incarnation de Dieu assume désormais dans le feu de la Consolation la Rédemption de l'homme (son passage du corps charnel au corps lumineux) par le chemin de l'impossible ouvert au souvenir et à l'espérance. Roi céleste, Consolateur, Esprit de vérité, Toi qui es partout présent, Toi qui emplis tout, Trésor des biens et Donateur de vie, viens et demeure en nous, purifie-nous de toute souillure, et sauve nos âmes, toi qui est bonté. Textes liturgiques orthodoxes Texte à méditer La fête de ce jour est appelée Pentecôte. Le Seigneur parlait toujours à ses disciples du Saint Esprit, qu'Il enverrait dans le monde de son Père afin qu'Il reste à jamais dans l'Eglise. Et avant son ascension Il leur disait encore, parlant de l'Esprit Saint : «Restez à Jérusalem jusqu'à ce que vous soyez revêtus de l'armure de la puissance qui vient d'en haut» (Luc 24/49). En d'autres circonstances, Il leur enseignait ce que nous rapporte l'évangile de ce jour. Paul Evdokimov |
|
Kondakion, t. 8 Ayant confondu les langues de l'univers, * le Seigneur du haut des cieux dispersa les nations ; * mais en partageant les langues de feu, * il invite tous les hommes à l'unité * et tous ensemble nous glorifions le très-saint Esprit. Ikos Accorde à tes serviteurs, Ô Jésus, un prompt et ferme réconfort * dans la tristesse où se trouvent nos esprits, * n'abandonne pas nos âmes dans l'affliction, * ne t'éloigne pas de nos cœurs éprouvés, mais sans cesse préviens-nous. * Viens tout près de nous, Seigneur partout présent, * à ceux qui t'aiment demeure uni, dans ta bonté, * comme à tes Apôtres tu le fus en tout temps, * afin qu'unis à toi nous puissions chanter * et glorifier ton Esprit très-saint. |
«Nous fêtons la Pentecôte, la venue du Saint-Esprit, accomplissement de la promesse et réalisation de l'espérance. Quel mystère ! Qu'il est grand et vénérable C'est pourquoi nous crions : 0 créateur de l'univers, gloire à toi !» Comme l'exprime ce stichère qui ouvre la célébration des Vêpres de la Pentecôte, cette fête est : «accomplissement de la promesse et réalisation de l'espérance». Nous allons donc être comblés de ce que : «L'œil n'a pas vu, ce que l'oreille n'a pas entendu... tout ce que Dieu a préparé pour ceux qu'il aime» comme le dit saint Paul aux Corinthiens. Quelle est donc cette promesse qui voit son accomplissement au jour de la Pentecôte ? C'est le don de l'Esprit que les prophètes avaient annoncé pour les temps messianiques. Ainsi l'une des lectures bibliques de Vêpres nous fait entendre la prophétie de Joël : « je répandrai mon Esprit sur toute chair, dit le Seigneur.» Et dans les Actes des Apôtres, saint Pierre proclame de Jésus : «Dieu l'a ressuscité, nous en sommes témoins. Et maintenant, exalté par la droite de Dieu, il a reçu du Père l'Esprit Saint, objet de la promesse, et l'a répandu». Au moment de l'Ascension, Jésus lui-même l'avait annoncé : «Vous donc, demeurez dans la ville jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la force d'en-haut.» Et encore : «Vous allez recevoir une force, celle de l'Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux confins de la terre.» L'envoi de l'Esprit Saint vient donc parachever l'œuvre du Christ. C'est à la fois un achèvement et un point de départ. Achèvement, parce qu'avec Lui, nous avons tout ! Dieu est en nous désormais et nous pouvons vivre de sa vie. Point de départ, parce que c'est l'Esprit qui fait l'Eglise, qui transforme les disciples du Christ en son Corps et qui en fait des témoins du Sauveur. Par conséquent l'histoire s'ouvre sur une nouvelle réalité. On pourra objecter que cela s'est passé il y a deux mille ans. Mais en fait, comme nous l'avons déjà dit, la vie liturgique n'est pas seulement la commémoraison d'événements passés. Elle les actualise pour nous et fait de nous chaque année les contemporains de tel ou tel événement de la vie du Christ ou, ici, de la naissance de l'Eglise. Ainsi à chaque fête de la Pentecôte, nous recevons nous aussi l'Esprit Saint comme les apôtres l'ont reçu lors de la première Pentecôte. Quand on entre dans une église orthodoxe le jour de la Pentecôte, on trouve le sol jonché de verdure. C'est comme si ce jour-là l'herbe des champs poussait dans l'église. Peut-être est-ce une réminiscence de la première signification de la Pentecôte chez les juifs. En effet la Pentecôte juive était la fête de la moisson avant d'être celle du don de la Loi. Mais cette verdure évoque surtout la Vie que nous confère l'Esprit. L'herbe des champs représente d'abord, évidemment, la vie biologique que Dieu nous donne en faisant pousser les plantes qui deviendront notre nourriture. On passe aisément de l'idée de cette vie biologique à celle de la Vie avec un grand V, la Vie déifiée que Dieu nous donne par les sacrements et en laquelle nous participons à la Vie même de Dieu. Or c'est la venue de l'Esprit qui nous fait entrer dans la Vie Trinitaire. Au début de chaque office, nous invoquons l'Esprit en tant que dispensateur de vie, ou vivifiant. Et dans le Credo même c'est la caractéristique qui est attachée à l'Esprit. L'Esprit Saint est celui qui nous fait vivre de la vie de Dieu. C'est cela que suggère l'herbe répandue dans nos églises à la Pentecôte. Or cette vie divine n'est autre que la vie de la Trinité. C'est la raison pour laquelle dans le rite byzantin, la célébration de la Pentecôte est à la fois célébration de la venue de l'Esprit Saint et fête de la Sainte Trinité. Un texte liturgique nous dit : «L'Esprit instruit les croyants dans la connaissance de la Trinité en qui nous sommes fortifiés.» Et ailleurs, nous entendons : «Par la grâce de l'Esprit qui répand la lumière, la création reconnaît dans la Trois Personnes l'unique essence, inaccessible et éternelle.» D'autres textes chanteront soit la venue de l'Esprit, soit la Trinité elle-même. D'autres engloberont les deux comme cet exapostilaire : «Lumière est le Père, lumière est le Fils, lumière aussi le Saint-Esprit qui descendit sur les apôtres sous forme de langue de feu. Par lui le monde entier est illuminé pour adorer la Sainte Trinité.» L'Esprit Saint nous donne de connaître et de célébrer le Mystère du Dieu Un en Trois Personnes. En même temps il nous fait participer à cette vie de communion, d'unité dans la diversité. C'est ce que suggère les langues de feu qui se sont réparties sur les apôtres. C'est le même Esprit symbolisé par le feu que reçoivent les apôtres, mais chacun en reçoit une flamme pour bien montrer l'unicité de chaque personne dans la communion de l'unique Esprit. Pour nous faire mieux comprendre ce paradoxe, la liturgie évoque la tour de Babel : «jadis, quand le Très-Haut descendit, il confondit les langues et dispersa les peuples. Quand il distribua les langues de feu, il appela tous les hommes à l'unité». La Pentecôte est l'inverse de Babel. Au lieu d'une union des hommes contre Dieu qui aboutit à la séparation et à l'incompréhension mutuelle, la venue de l'Esprit restaure l'unité de tous les hommes, chacun recevant une flamme unique qui marque l'unité dans la différence. C'est ainsi que la vie de la Trinité va se refléter dans celle de l'Eglise comme communion de personnes, chaque personne humaine ayant un visage unique qui n'est vraiment personnel que lorsque la personne accepte d'aimer les autres, fût-ce au prix de sa vie, comme le Christ nous a aimés en nous montrant ce qu'était l'Amour au sein de la Trinité. C'est l'Esprit que nous recevons à la Pentecôte, qui nous permet à notre tour d'aimer en vérité. HOMELIE Au moment de les quitter définitivement, Jésus dit aux disciples : «Je vais envoyer sur vous la Promesse de mon Père » (Lc24,49). Car Jésus n'est mort que pour ressusciter et il n'est ressuscité que pour nous envoyer l'Esprit Saint. Par le Saint-Esprit du Père qui repose pleinement sur Lui, Il reconstitue et restaure notre humanité, il nous unit à sa nature divine. Père André Borrély www.orthodoxa.org
|