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4 novembre 2010 4 04 /11 /novembre /2010 05:34

Une Eglise tardive sous perfusion romaine

par Jean-Marie Allafort

Aux côtés de l’Eglise copte orthodoxe, existe depuis le 18ème siècle, une petite communauté catholique rattachée tardivement à Rome. Depuis près de 50 ans, elle est fortement soutenue par le Vatican qui cherche à renforcer le prestige de cette fragile Eglise catholique face à la puissante Eglise copte orthodoxe. Au terme du Synode pour le Proche-Orient, le pape Benoît XVI vient d’élever son actuel patriarche, Antonios Naguib au rang de cardinal. Sur le plan théologique, la communauté catholique copte se distingue surtout de son homologue orthodoxe par son rejet de la doctrine monophysite qui professe la seule nature divine du Christ.

Berceau du monachisme et patriarcat influent

L’appellation de copte ne se réduit pas à une dimension religieuse. Le mot qui vient du grec aïguptios désigne une communauté qui ne se résume pas à son appartenance ecclésiale mais signifie à la fois une culture, une langue et un vécu collectif. "L’identité égyptienne" compte énormément pour les chrétiens coptes puisqu’ils se présentent comme les seuls descendants des Egyptiens de l’Antiquité. Contrairement aux autres communautés chrétiennes orientales, les coptes ne se sont pas installés dans d’autres pays du Proche-Orient. L’Eglise copte présente un caractère national fortement marqué.

D’après la tradition, le christianisme s’est établi en Egypte dès la fin du premier siècle par la prédication de l’évangéliste saint Marc. Au bord du Nil, les communautés chrétiennes sont déjà très nombreuses et prospères au 2ème et 3ème de notre ère. L’Egypte est le berceau de la vie monastique. Le monachisme fait là ses premiers pas avant de se répandre en Orient puis en Occident.

A la veille des querelles théologiques du 5ème siècle, l’Eglise d’Egypte, de culture et de langue helléniques, est une communauté puissante avec pas moins d’une centaine d’évêchés et une école théologique de renom. Lors du concile de Nicée en 325, le titre de patriarche est conféré à l’évêque d’Alexandrie. Le concile de Chalcédoine en 451 condamne le monophysisme qui refusait d’admettre les deux natures du Christ, divine et humaine. Le concile dépose alors l’évêque Dioscorus d’Alexandrie parce qu’il soutenait les thèses monophysites considérées comme hérétiques. Pour des raisons aussi bien politiques que religieuses, des chrétiens égyptiens, qui s’opposaient à la domination de Byzance, refusèrent l’enseignement du concile. Ce fut alors le schisme monophysite et, par voie de conséquence, la naissance de deux hiérarchies parallèles en Egypte - la seconde étant l’Eglise byzantine. Dès lors, l’Eglise copte, née de cette division, se démarque par sa tradition liturgique alexandrine et son adhésion à la doctrine monophysite autrement à la seule nature divine du Christ.

La conquête arabe de 641 mit fin aux controverses politico-religieuses des Eglises en Egypte, celles-ci devant faire face à l’adversité commune. L’Eglise copte subit bien des vicissitudes au cours des siècles et de nombreuses persécutions et discriminations mais parvient à garder ses traditions rituelles et sa culture.

Une union avec Rome

Très fermée aux influences extérieures, l’Eglise copte orthodoxe est restée imperméable à l’uniatisme, autrement dit au phénomène de « conversion » au catholicisme particulièrement offensif à partir du 16ème siècle. Au 18ème siècle, des missionnaires franciscains et jésuites commencent leur apostolat en Egypte avec l’appui de la diplomatie française en la personne de son consul au Caire. En 1729, Athanase qui est l’évêque copte de Jérusalem, bien que résidant au Caire, se déclare catholique. Benoît XIV le nomme vicaire apostolique en lui confiant le soin d’une poignée de catholiques d’Egypte. Il ordonne quelques prêtres égyptiens et crée un embryon de structures ecclésiales autonomes. 
A la même époque, Rome comme une erreur en renforçant la mission latine sous l’autorité d’un préfet franciscain constituant ainsi deux Eglises catholiques parallèles. Athanase, profondément irrité, claque la porte au nez du pape et retourne à l’Eglise copte orthodoxe. Rome rectifie le tir et subordonne dorénavant la mission latine à l’évêque copte catholique du Caire. Cependant, les ralliements restent assez peu nombreux de telle sorte que pendant longtemps l’Eglise copte catholique n’est pas érigée en patriarcat. Ce n’est qu’en 1895 et de surcroît à la demande du vicaire apostolique de l’époque, Cyrille Makarios, que le pape Léon XIII décide de créer le patriarcat copte catholique d’Alexandrie. Les catholiques coptes comptaient alors près de 5000 membres, aujourd’hui ils sont 250 000. Avec la création d’un séminaire en 1879 et avec le soutien d’ordres religieux latins, le niveau de formation du clergé copte catholique devient très vite supérieur à celui du clergé orthodoxe. Dès lors, les conversions vont se multiplier.

Les coptes catholiques aujourd’hui

Depuis 2006, l’Eglise copte catholique est dirigé par le patriarche Antonios Naguib qui sera créé cardinal par Benoît XVI lors du prochain consistoire à Rome le 20 novembre prochain. L’annonce de son élévation à la pourpre cardinalice a été faite lors du synode sur le Proche Orient. Actuellement deux autres patriarches orientaux sont cardinaux : les patriarches chaldéen et maronite.

Les bureaux du patriarcat copte catholique sont au Caire, bien que la plus grande concentration de catholiques coptes soit en Haute Egypte. Composée de sept diocèses et d’une centaine de paroisses, cette Eglise catholique compte aussi deux ordres religieux propres. Son réseau d’institutions scolaires, médicales et sociales s’appuie majoritairement sur des congrégations latines. Ceci montre combien l’Eglise copte catholique est dépendante de Rome pour subsister. La majorité des séminaristes étudient au séminaire patriarcal de saint Léon, à Maadi près du Caire. Il existe une petite diaspora de coptes catholiques en France, au Canada, aux USA et en Australie.

En 1955, le patriarche catholique copte a nommé un vicaire patriarcal au service de la petite communauté locale de Jérusalem qui n’existe, pour ainsi dire, plus. Le poste de vicaire patriarcal copte catholique à Jérusalem est aujourd’hui vacant.

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Published by Monastère Orthodoxe de l'Annonciation - dans Actualités

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