La règle de prière constitue la forme première et indispensable de l’adoration. On appelle ainsi la lecture quotidienne d’un nombre fixe de prières du matin et du soir. Ce rythme est nécessaire, sinon l’âme glisse facilement hors de la vie d’oraison, comme ballottée au gré des événements. Dans la prière même, comme dans toute action d’envergure difficile, les seules « inspiration », « humeur » ou « improvisation » ne suffisent pas.
Lorsque quelqu’un contemple un tableau ou une icône, écoute de la musique ou de la poésie, il communie au monde intérieur de leur créateur ; de même la lecture des prières nous relie à ceux qui les ont composées : psalmistes et saints. Cela nous permet de nous établir dans un état spirituel apparenté à celui qui brûlait dans leur cœur. « Le Christ, dit le père A. Eltchaninoff, nous donne l’exemple de prières qu’il empruntait à d’autres prières. Ainsi les cris poussés sur la croix sont des citations de psaumes (Ps 22, 2 ; 31, 6). »
Il existe trois « règles » fondamentales :
1. La règle complète, destinée à ceux qui disposent de plus de temps libre que les autres ; elle est contenue dans les livres de prières complets destinés aux prêtres.
2. La règle courte, destinée à tout le monde. Le matin : « Roi céleste consolateur », « Trisagion », « Très Sainte Trinité », « Notre Père », « À mon réveil je te rends grâces », « Ô Dieu, aie pitié de moi », « Credo », « Seigneur, purifie », « Vers toi, Seigneur », « Saint ange », « Très Sainte Mère de Dieu », commémoration des saints, prière pour les vivants et les morts. Le soir : « Roi céleste », « Trisagion », « Très Sainte Trinité », « Notre Père », « Seigneur, aie pitié de nous », « Dieu éternel », « Mère pleine de bonté », « Ange du Christ », « Que retentissent nos accents de victoire », « Il est digne en vérité ». Ces prières se trouvent dans n’importe quel livre de prières.
3. La règle minimale de saint Séraphim : trois « Notre Père », trois « Vierge Marie » et un « Credo », pour ceux qui, certains jours, ou dans des cas de force majeure, sont trop exténués ou bien manquent de temps.
Laisser tomber la « règle » est dangereux. La fatigue et l’absence de concentration ne doivent pas nous troubler. Même si la « règle » est lue sans l’attention nécessaire, les mots de la prière, en pénétrant dans l’inconscient, y exercent leur action sanctifiante.
Extrait de : Alexandre Men,
Manuel pratique de prière, Cerf, 1998.