Le recueillement est trop peu pratiqué, il faut le reconnaître.
Et d'abord il n'est, pour ainsi dire, jamais appris, ce qui est monstrueux.
Nous nous instruisons sur mille riens et nous avons des écoles partout, excepté pour cela.
Notre époque superstitieuse a institué des cultures de tout, elle a simplement oublié celle de la pensée.
Le résultat de cette omission grave est que peu de chrétiens savent prier mentalement...
On ne s'explique pourtant point de quel droit l'art du recueillement serait le monopole des bouddhistes ou des théosophes, alors qu'il devrait être, ce me semble, le bien naturel du baptisé.
L'art du recueillement existe et il n'est le privilège de personne. (1)
Il existe chez les Hindous des écoles de perfectionnement respiratoire dont le but est un progrès spirituel...
Ces exemples étrangers devraient nous faire honte.
Un chrétien ne serait-il donc pas capable d'envier la concentration d'esprit du musulman en prière, l'effort spirituel si énergique du yôghi ?
Nous pourrions nous mettre à leur école au moins en cela.(2)
P. Poucel
Extrait de Mon Baptême (1) et de Plaidoyer pour le corps (2)
Victor Poucel
Victor Poucel, né le 26 novembre 1872 à Marseille (France) et mort le 29 décembre 1953 à Tanaïl (Liban), était un prêtre jésuite et théologien français.
Lors d'un voyage au Proche-Orient il décide d'entrer dans la Compagnie de Jésus (11 octobre 1890). Il est ordonné prêtre en 1906, et enseigne la rhétorique à Alexandrie entre 1910 et 1919, puis revient en France, à Avignon, où il est professeur de 1919 à 1930. Il publie alors des critiques littéraires dans la revue jésuite Études et se consacre à l'écriture.
Ses livres ont pour thème la foi et l'engagement spirituel. Son œuvre la plus connue est « La Mystique de la Terre », en cinq volumes, avec une préface de Paul Claudel. On lui doit aussi une étude sur André Gide, un « Évangile du pécheur », des prières et des livres pour enfants. Retourné au Liban, il meurt en 1953 au couvent de Tanaïl (Liban).
Son œuvre spirituelle a exercé une influence importante sur la Compagnie de Jésus à partir des années 1930, au même titre que Teilhard de Chardin, dont il est le contemporain.